Certaines femmes sont « réglées comme du papier à musique ». Pour d’autres, le cycle oscille un peu : elles ont une idée de la date de leurs règles et elles sentent qu’elles vont les avoir mais l’écoulement de sang se fait un peu attendre.
Le SPM (symptôme pré-menstruel) est là, mais l’écoulement ne se déclenche pas franchement et c’est un peu galère.
Pourquoi ? Quelles solutions apporter à cet inconfort ?
C’est toujours désagréable d’attendre ses règles. On sent que nos lunes vont arriver mais on est quand même un peu surprises quand elles se déclenchent et qu’elles coulent ou bien qu’elles arrivent alors qu’on ne s’y attendait pas et que ça tombe mal (par exemple en vacances, alors qu’on a prévu un après-midi plage!)
Avez-vous déjà eu le sentiment que c’était lié à un petit déclic dans votre tête ? Un peu comme le jour de l’accouchement qui se déclenche, le jour où, enfin, la chambre de bébé est prête ? Ou comme quand le ventre de grossesse « sort », une fois qu’on a annoncé sa grossesse au boulot ?
Pour aller à l’encontre de l’idée que le lien entre notre état émotionnel et nos règles serait une « histoire de bonnes femmes » (comme on l’entend souvent avec un soupçon de dédain misogyne dès qu’il s’agit de comprendre nos expériences féminines), on a essayé de se pencher sur le lien entre notre cerveau et notre cycle menstruel.
Nos règles et notre ovulation sont liées et ce n’est pas qu’une impression car notre cycle menstruel est régulé par la communication entre trois organes : l’hypothalamus, l’hypophyse (respectivement situés dans le cerveau) et les ovaires.
Un peu comme l’intestin et le cerveau : quand on est ballonnée parce qu’on est stressée, qu’on a « un noeud au ventre » parce qu’on a une échéance stressante.
Donc sans surprise, notre cerveau est en connexion avec notre cycle menstruel et notre état mental joue sur nos règles.
On appelle ce lien entre ces trois organes, le AHO (axe hypothalamo-hypophyso ovarien) qui agit comme un chef d’orchestre (remarquez qu’on en revient à la métaphore musicale du papier à musique !). Cette triade contrôle la libération des hormones nécessaires à l’ovulation et par conséquent, joue sur la venue des règles.
Un jour, un gynécologue, particulièrement macho et peu délicat dans ses gestes comme dans ses mots m’avait dit sans pincette (quoiqu’armé de son spéculum) : « Il est mort » pour m’annoncer une fausse couche. Il avait ajouté que les femmes qui désiraient trop ardemment un enfant bloquaient leur ovulation car selon ses dires : « elles veulent tellement qu’elles se bloquent ! ». Il avait un ton un peu accusateur, un peu condescendant. Du genre, « débloquez-vous les coincées de l’ovulation ! ».
On aimerait bien que les hommes se bloquent parfois aussi. Ça nous éviterait de prendre la pilule.
J’aurais dû lui dire ça, mais à ce moment-là, j’étais fesse au vent, les pieds dans les étriers, si choquée par cette annonce de fausse couche que je n’ai pas trouvé les mots… J’étais cul nu et bouche bée. Bloquée quoi.
Dans le fond, il n’avait peut-être pas tort mais c’est dans les mots qu’il ne savait pas guérir.
Mais passons, et revenons à notre axe AHO parce que j’aurais franchement préféré qu’il m’explique les choses comme ça, plutôt qu’avec cette nuance de supériorité masculine cisgenre de grand manitou qui rend seules responsables les femmes de la réalisation de leur projet de grossesse. Il ne s’agit pas de « se bloquer » ou de se « débloquer » comme le disait ce délicat médecin, mais d’être consciente des facteurs de stress qui nous traversent. Nuance.
Ce cortisol entre autres, interfère avec notre hypothalamus et notre hypophyse, eux-mêmes en lien avec nos ovaires. Le cortisol supprime la production de l’hormone de libération des gonadotrophines, elles-mêmes responsables de l’ovulation.
Quand ces hormones au nom bizarre diminuent, c’est l’effet domino dans le corps : les hormones qui permettent l’ovulation sont elles-mêmes retardées, voire même supprimées.
L’ovulation à son tour est retardée ou ne se fait pas. Puis, les règles tardent à venir ou n’ont pas le même aspect que d’habitude.
Le flux est plus abondant si elles sont tardives car l’ovulation a été retardée et l’endomètre a eu plus de temps pour s’épaissir. Au contraire, si l’ovulation n’a pas eu lieu, l’écoulement peut être plus léger (spotting) ou carrément absent.
Le stress joue aussi un rôle important aussi sur les symptômes et les douleurs menstruelles.
Le stress va influer sur l’écoulement car il a un impact sur la tension générale du corps y compris sur le plancher pelvien et l’utérus. Les crampes menstruelles, qui permettent l’évacuation du flux, seront plus intenses et plus douloureuses si on subit un stress.
Le cortisol généré par le stress va aussi jouer un rôle dans la sensibilité à la douleur : les douleurs menstruelles seront perçues de façon plus forte.
Donc un coup de stress dans le mois et c’est tout l’ensemble du cycle qui est modifié.
Le savoir, ça change quoi?
Que prendre soin de son état mental est clé pour un cycle harmonieux. Qu’un retard de règles peut nous dire qu’on a besoin de se détendre un peu.
Qu’un environnement stressant n’est sans doute pas de notre seule responsabilité et qu’il ne s’agit pas de « se bloquer » ou de « se débloquer » comme si on parlait d’une machine dysfonctionnelle, (ce gynécologue, décidément, je vais en faire mon déjeuner !) mais de prendre conscience que le stress joue un rôle dans notre corps.
Concevoir son corps comme du papier à musique, c’est avoir une vision un peu limitée du rythme qui parfois va crescendo, decrescendo, plane, s’arrête, swingue et nous balade un peu. Une petite musique qui s’appelle la vie.
Avoir un cycle nickel de 28 jours, c’est parfois le cas, mais penser que toutes les femmes sont faites sur ce modèle, c’est peut-être avoir une vision un peu trop carrée et militaire de nos corps de femmes.
J’allais dire une vision rationnelle, masculine, fanfaronne de nos cycles. Vouloir mettre au pas le cycle de la femme et en donner à voir une vision irréaliste qui oublie tout ce qui peut l’influer. A moins de n’aimer que la musique militaire, ce qui est sans doute un peu réducteur…
Petite réflexion éco-féministe du matin…
Hommes !!!!! Malgré tout, je vous aime et vous n’êtes pas tous comme cet affreux gynécologue qui aurait sans doute affirmé qu’on était hystérique avec nos désirs d’enfants et qu’on serait des êtres mus par notre utérus, il n’y a pas si longtemps.
Que faire pour limiter et accepter ces aléas menstruels ?
Réduire le stress (facile à dire !).
Un peu de relaxation, un peu de sport, un sommeil suffisant, une bonne rigolade.
Accepter que l’on n’est pas réglée comme une machine, ça peut peut-être aider aussi.
Trouver son rythme, et accepter son énergie fluctuante selon les mois.
Opter pour un maillot menstruel en été ou une lingerie menstruelle, c’est aussi un moyen de ne pas être prise par surprise et de se sentir en sécurité, même si certains étés, nos règles se font attendre ou arrivent de façon inopinée.
Of course, en cas de doute, surtout si le retard de règles dure plus de trois cycles, allez voir un bon gynécologue.
(J’en ai un à vous recommander comme vous pouvez le constater : il est particulièrement à l’écoute et il manie les mots avec brio 😉
Take care les nanas et prenez soin de la Chakti qui est en vous !